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FAMILLE-SANS-NOM

Famille sans nom, 1889, Hetzel.
Gravures de Georges Tiret-Bognet
Fonds patrimonial Heure Joyeuse - Médiathèque Françoise Sagan, BNF Gallica

Des quelque 95 romans et nouvelles écrits par le prolifique Jules Verne, principalement consacrés à l’aventure et à l’anticipation scientifique, une vingtaine a comme décor ou comme sujet les Amériques. Famille-Sans-Nom, publié en 1889, est en revanche le seul ayant pour cadre le Canada français.

L’action se déroule en 1837 et 1838, pendant la rébellion dite des Patriotes contre le pouvoir colonial britannique. Ce soulèvement éclata et se déroula principalement dans la province du Bas Canada (cœur du Québec d’aujourd’hui), peuplée d’une très grande majorité de francophones catholiques.

L’origine du conflit est à rechercher dans les discriminations politiques, économiques et religieuses dont étaient victimes les Franco-Américains du Canada depuis la disparition de la Nouvelle-France. Relativement court mais violent, il verra l’écrasement de la rébellion face aux troupes régulières anglaises et aux milices loyalistes anglophones bien supérieures en nombre et en armement, et in fine, l’emprisonnement et l’exécution des principaux meneurs n’ayant pu fuir aux Etats-Unis.

Comme de coutume dans la trame romantique vernienne, l’histoire est complexe, sujette aux rebondissements favorisés par l’action de nombreux personnages. Le thème en est cependant bien plus grave, mettant en scène les conséquences de la trahison d’un homme dont le nom est désormais honni, et dont l’honneur ne peut être lavé que dans l’expiation et le sacrifice : celui de ses deux fils, patriotes combattant l’oppresseur anglais.

Par cette oeuvre de maturité (composée dès 1887), sombre, engagée et à la fin tragique, Jules Verne, quittant les traditionnels sentiers de l’anticipation scientifique et de l’aventure exotique, souhaitait rappeler à ses lecteurs la triste situation des Franco-Canadiens.

Il fut à ce titre puissamment aidé par les 82 gravures de Georges Tiret-Bognet (1855-1935), dont plusieurs publiées en couleur. Ces illustrations, rythmant la progression du roman, apportent une vision saisissante d’un monde peu connu du public français : nature sauvage, neige et forêts profondes, Indiens (jouant dans le roman un rôle non négligeable), et bien sûr ces Français d’Amérique engagés dans un violent combat contre les troupes britanniques.

Un message en somme, en contre-point de l’ignorance de la Nouvelle-France par « l’Ancienne ».

En haut : Illustration du frontispice

En bas à gauche : p.265 : « Jean-Sans-Nom s’était battu comme un lion »

En bas à droite : p.321 : « Maître Nick à Walhatta »