LES XVII ET XVIIIèmes SIÈCLES

LE TEMPS DE LA NOUVELLE FRANCE

Si les témoignages matériels et iconographiques relatifs à l’Amérique septentrionale sont peu nombreux en France durant le XVI siècle, il en est tout autrement pour la période suivante (XVIIe et XVIIIe siècles) qui voit l’apogée de la Nouvelle-France, et dont la fondation de Québec peut être la date inférieure.

Fondations de cités, développement (certes relatif) des colonies de peuplements, expéditions lointaines de découvertes, missions actives d’évangélisation, relations franco-indiennes étroites, guerre contre les Britanniques et les colons anglo-américains en sont, comme nous le savons, les principaux aspects. Ils joueront, bien entendu, une grande part dans la représentation que la Métropole va développer de ses lointaines colonies.

À ce titre, les récits de voyages et de missions religieuses (relations jésuites) et les gravures les accompagnant vont jouer un rôle primordial. Il en est de même des objets indigènes ou considérés comme tels qui, alors, arrivent en nombre et occupent une bonne place dans les cabinets de curiosités et les collections royales. Le Sauvage du cabinet du Marquis de Sérent à Versailles en est certainement le meilleur exemple.

Dès lors se répand l’image d’un monde lointain, étrange, d’autant plus « attractif » que l’Amérique méridionale, isolée par les règles imposées par la couronne espagnole, ne fournit plus d’images « nouvelles ». L’espouvantable magnificence des villes de Cuzco et de Mexico (Montaigne, Essais, Livre III, Chap. 6 : « Des Coches ») qui avait tant attiré le regard des élites françaises a laissé la place au « Sauvage » du Septentrion et aux représentations qui en sont faites.

Aussi, bien qu’elle soit moindre que celle de l’Orient ou de l’Asie, la présence de l’Amérique française dans les lettres et les arts de France est loin d’être négligeable : ouvrages philosophiques, romans et leurs illustrations, peintures, sculptures, céramique, tapisseries, arts décoratifs, arts mineurs, musique et opéra, décors et costumes de spectacles, « américaineries » réalisées en France ; nombreuses et surtout variées furent donc les représentations de la Nouvelle-France et de ses habitants durant cette longue période.