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ANDRE THEVET, SINGULARITEZ DE LA FRANCE ANTARCTIQUE, 1557

BNF (Réserve des Livres rares et imprimés)

Après avoir parcouru l’Italie et le Levant, André Thevet (1502-1590), prêtre franciscain, participa en 1555 à la tentative de la colonisation de la baie de Rio par  l’expédition de Villegagnon – comme aumônier. Malade, il ne pourra rester que quelques mois.

C’est à son retour en France qu’il se consacre à l’œuvre qui le rendra célèbre, publiée en 1557 : Les Singularitez de la France antarctique. Vivement critiqué de son vivant pour ses incohérences et son manque de précision, voire d’objectivité, ce texte reste cependant l’une des grandes références de la littérature ethnographique.

En 1559, André Thevet devient « cosmographe du roi » et assume même la responsabilité du cabinet des « singularitez » (des curiosités) fondé par François Ier.

Thevet publiera deux autres grands ouvrages : en 1575, la Cosmographie universelle (somme de documents consacrés aux populations des quatre continents connus) et, en 1584, Vrais portraits et vies des hommes illustres (associant sur un pied d’égalité les représentations de personnages de l’histoire européenne et du monde exotique).

Les Singularitez, comme plus tard la Cosmographie consacrent plusieurs chapitres aux Indiens d’Amérique du Nord, plus particulièrement ceux rencontrés par les Français. Trois planches en sont issues, ici publiées dans les Singularitez, qui peuvent être considérées comme les plus anciennes gravures consacrées à ce qui deviendra l’Amérique française.

Les références au monde européen (et classique) sont nombreuses dans l’œuvre de Thevet (ce qui est d’ailleurs une de ses caractéristiques) : ainsi les armées de piquiers s’affrontant en arrière-plan de la première gravure dans laquelle le seul acte de « sauvagerie » pourrait être l’utilisation de fagots enflammés pour enfumer l’ennemi. Notons en revanche, en haut et à gauche, les représentations réalistes des « maisons longues » indigènes.

Les deux autres, en revanche, accentuent l’aspect « exotique » de la situation : une chasse dont les participants utilisent des raquettes (peut-être la plus ancienne représentation de ce matériel ; et surtout, pour la dernière gravure, au sein d’un « triomphe » bien européanisé, des représentations de trophées particuliers – visages et cheveux des ennemis vaincus tendus sur des cadres circulaires. Ici également, se trouve probablement la plus ancienne représentation de ce type de rituel, rappelant fortement celui du « scalp ».